Histoire

Brasserie André Lille

Quel est le plus ancien restaurant de la ville de Lille ? La Brasserie André, bien sûr, une quasi-centenaire.

 

En 1922, dans ce quartier du centre de la ville détruit par les bombardements allemands d’octobre 1914, André PARIS fait construire au 69, rue de Béthune un bel immeuble de cinq étages en pierre de taille. Il y ouvre en 1924 un café-restaurant, à l’enseigne de « Chez André » bien sûr. Pour le décor, il veut un endroit chaleureux, confortable, accueillant et confie la réalisation à l’entreprise belge DECOENE qui signe à l’époque les plus belles réalisations en Belgique et dans le Nord de la France. Lambris et mobilier de chêne massif, plafond ouvragé, vitraux, sol de mosaïque, cuivres anciens…concourent à créer l’ambiance recherchée. C’est tellement réussi que ce décor n’a pas changé depuis sa création : les clients ne l’auraient pas accepté, les exploitants ne l’auraient pas osé.

Le succès est immédiat, et l’ambiance ainsi obtenue lui vaut de s’appeler très vite « Brasserie André ».

L’emplacement est judicieux : une rue des plus animées, bordée de commerces de qualité, qui est aussi la rue des cinémas et des spectacles, sur le chemin de ceux qui travaillent et de ceux qui ne travaillent pas, des lillois comme des gens de passage, des artistes qui quittent la scène et de ceux qui viennent de les applaudir…et jusqu’aux membres de la Société Aéronautique de Lille (c’est en 1927 que Lindbergh traverse l’Atlantique) qui en font leur siège et laisseront une superbe hélice en bois, toujours présente sur les murs du restaurant (en guise de caution pour additions à régler ?) .

Pendant la seconde guerre mondiale, quelques officiers de la Wehrmacht, ayant pris l’habitude de fréquenter l’endroit, lui vaudront d’être partiellement détruite par une explosion. Monsieur DECOENE est donc appelé pour la reconstruire à l’identique.

En presque cent ans, les différents propriétaires de cette « adresse » lilloise se sont attachés à en préserver le caractère, à en garder l’âme, ce qui fait que l’air qu’on y respire est à nul autre pareil. Aujourd’hui, c’est Antoine PROYE, descendant d’une longue lignée de restaurateurs lillois qui veille sur la maison (son arrière-arrière-grand-père tint jusqu’en 1914, à quelques mètres de la Brasserie André, un restaurant détruit par ce même bombardement allemand).

Et qu’y mangeait-on et qui mange-t-on aujourd’hui ?

Parce que si le décor n’a pas changé, l’esprit de la cuisine est resté le même. D’abord, les plus beaux produits, qu’il s’agisse de la pomme de terre (de Merville) ou du foie gras (du Gers ou des Landes). Préparés sans afféterie, ce qui n’est pas le plus facile.

Venus du Nord, mais pas que : si les asperges sont de RAIMBEAUCOURT, le jambon peut être espagnol. Une trace d’Alsace avec une somptueuse choucroute. Une poignée de cuisine du Nord : welsh-rarebit (chester anglais bien sûr), potjevleesch (traduit mot à mot : petit pot de viande) ou waterzoï (viande ou poisson, mijoté avec de la crème et des « racines »).

Mais aussi les meilleures pommes allumettes du monde, en toute immodestie, qui à elles seules méritent le voyage…Des huîtres…on peut en trouver d’aussi bonnes, mais pas de meilleures…La mer est à côté, et rien ne surpasse une sole meunière des petits bateaux de Dunkerque….

Ah oui ! La bière !!!

En Flandre, pays de houblon, dans une Brasserie André, avec une choucroute ou pas, elle est forcément incontournable. Ici elle est servie dans des « bocks » en grès d’un demi-litre, mais aussi dans de contenants plus petits, voire plus grands. Les brasseurs talentueux du Nord nous promettent des découvertes.

Mais le vin ? Il n’est pas pour autant le parent pauvre, loin de là.

La cave est riche de petites bouteilles comme de grands crus, pour accompagner la cuisine de la Brasserie André  mais surtout pour votre plaisir du moment.

Et comme la meilleure cuisine du monde ne vaut pas grand-chose si elle n’est pas servie avec le sourire qui va avec…le sourire est ici généreusement dispensé, l’accueil est juste comme il faut, ni trop, ni trop peu, bref ! On est heureux de pousser la porte de la Brasserie André.